En parler pour s’en libérer…
Dernièrement, j’écoutais le podcast d’un entretien de Jean-Michel Oughourlian, psychiatre, suite à la sortie d’un de ses livres « Jalousie et rivalité ». Je vous livre ici quelques éléments de cet entretien réalisé par Fabrice Midal.
Vous ressentez de la jalousie ? Bienvenue dans le club des êtres humains.
On en parle peu car même si il s’agit de quelque chose dont on souffre, cette émotion est dévalorisante. En effet, c’est admettre que l’autre est supérieur ou qu’il a quelque chose que l’on n’a pas. On retrouve ce sentiment dans toutes les parties du monde. En Orient, on appelle cela le « mauvais oeil ».
Il existe plusieurs types de jalousie :
a- la jalousie quotidienne : Par exemple, « mon collègue a eu une promotion et pas moi. ». Cela va entrainer une perte de confiance et de la valeur en soi. On va avoir tendance à se dévaloriser.
b- la jalousie de couple : elle se développe dans la relation, au niveau du Moi, celui du désir qui nous fait exister. Elle est en lien avec l’angoisse de mort : « si l’autre disparaît, je meurs ». Par exemple, dans un couple, Madame va être dépendante de Monsieur et cette dépendance constitue la jalousie. C’est en s’éloignant de cette dépendance qu’elle guérira de cette jalousie toxique.
Souvent, elle ne repose sur rien. Le désir est quelque chose de sensible. Brusquement, on se sent dépendant. Il s’agit du même processus que la drogue.
Si l’autre détient un objet, alors je dois être jaloux (l’objet a une valeur uniquement parce que l’autre la possède). Même si c’est un objet que je ne veux pas, et ainsi je suis prisonnier.
Les réseaux sociaux sont un bel exemple. En effet, la publicité montre des objets désirables mais pas partageables : c’est l’imitation du désir de l’autre. Il n’y a donc pas lieu d’être jaloux. L’auteur parle de manipulation : il y a quelque chose qui me manque que l’autre a et on s’identifie à un personnage prestigieux (exemple : George Clooney avec la marque Nespresso).
On peut également avoir une admiration profonde pour la femme de son ami mais c’est dramatique car il ne la partage pas. Ce que l’on cherche, c’est l’identification à une forme de déité. Je suis dans le monde de l’autre.
Nous sommes des êtres qui imitons pour advenir à nous-mêmes.
Le désir est mimétique. Dans l’exemple de Nespresso, je crois que le désir c’est moi, alors que souvent, mon désir est suggéré par le désir d’un autre. Parce que lorsque l’on est enfant, on apprend par mimétisme. On acquiert nos acquisitions en imitant en premier lieu les parents. Ensuite, les modèles changent (professeurs, copains..). Aussi, les parents doivent savoir la responsabilité de leurs actes. Imiter est un acte tout à fait naturel.
La jalousie est une forme de dépendance qui nous rend malheureux et nous dévalorise tout en menaçant notre identité propre. Parce que un « Moi » qui a été développé en relation avec un autre. Si cet autre nous largue, je ne suis rien. Ceci est aveuglement absolu. Je m’identifie au regard que l’autre a sur moi. Mon « Moi » est menacé de mort psychologiquement. La jalousie peut mener au suicide ou au meurtre. Dans Shakespeare, Othello était sensible aux moindres détails.
La jalousie peut devenir également psychotique (perte de sens du réel). Elle peut même aller jusqu’au désir absolu.
Mais comment faire ? L’auteur propose de transformer la jalousie en émulation. Pour exemple, dans le sport, la compétition vient de la rivalité. La jalousie est positive si elle permet de se motiver à retrouver son propre désir.
Phénomène normal et universel, la jalousie a un rôle fondamental lorsqu’elle est stimulante.
Pour se libérer de la jalousie, il conseille de savoir la reconnaître et l’exprimer. L’auteur préconise de développer son indépendance et de prendre conscience du mécanisme en jeu.
Vous vous sentez concerner par cet article, prenez rdv au 0781083806.